La Jordanie avance « à grands pas » vers le nucléaire civil

Le royaume hachémite a pour ambition d'exporter de l'électricité en 2030, affirme le directeur de la JAEC.
La Jordanie avance « à grands pas » dans le développement de son programme nucléaire civil afin de passer d'un pays importateur d'énergie en pays exportateur d'électricité en 2030, assure le directeur de la Commission jordanienne de l'énergie atomique (JAEC).

« Nous avançons à grands pas dans le domaine du nucléaire civil dans le but de nous libérer de notre dépendance croissante de l'importation de carburant », explique Khaled Toukan, directeur de la JAEC depuis sa création en mars 2008. « Notre but est de passer d'un pays importateur d'énergie en pays exportateur d'électricité en 2030 », dit-il.
La Jordanie importe 95 % de ses besoins énergétiques. En 2007, la facture était de 3,2 milliards de dollars, soit 24 % des importations du royaume et 20 % du PIB (16,5 milliards dollars).
Le royaume, doté de six centrales électriques (2 400 mégawatts) fonctionnant au pétrole, a été récemment contraint d'acheter 5 % de ses besoins en électricité aux pays arabes voisins, pour répondre aux besoins de sa population (5 723 millions d'habitants) et à une consommation estimée à 2 000 kWh/an par habitant.
« En 2030, la consommation d'électricité va doubler », relève M. Toukan, pour qui « l'énergie atomique est la solution la plus logique ».
« Quatre régions ont été délimitées pour l'exploration de l'uranium, qui se trouve en Jordanie sous forme de roches carbonatées et dans le phosphate », souligne-t-il. Selon les estimations, les réserves de phosphates de la Jordanie (1,2 milliard de tonnes) contiendraient 130 000 tonnes d'uranium.
Mais Amman a donné la priorité à l'exploration de mines d'uranium, plus rapide et moins coûteuse.
Le groupe français Areva a entamé en octobre 2008 l'exploration des ressources en uranium dans le centre du pays, où des études ont relevé l'existence de 70 000 tonnes de roches carbonatées.
En outre, le géant minier anglo-australien Rio Tinto a entamé l'extraction d'uranium, de thorium et de zirconium dans la région du Wadi Sahb al-Abiad, frontalière avec l'Arabie saoudite. La compagnie chinoise CNNC explore les mines d'uranium dans deux régions, Hamra Hausha (Nord) et Wadi al-Baheyya (Sud). « Nous tentons actuellement de délimiter le site d'un réacteur nucléaire. Un lieu potentiel se situe au sud, au bord de la mer Rouge à 25 km d'Eilat (Israël), à 22 km de Aqaba (Jordanie) et à 20 km de Taba (Égypte) », explique M. Toukan.
« La compagnie belge Tractebell/GDF-Suez a été chargée des études du site qui fait actuellement l'objet d'un examen minutieux notamment en matière de sécurité et d'impact sur l'environnement », souligne-t-il assurant que la Jordanie en communiquera les résultats à ses voisins.
Des experts techniques jordaniens ont pris des contacts avec Israël en juin pour discuter de questions relatives à l'environnement, a précisé Khaled Toukan.
« Si tout va bien, le réacteur sera construit en 2013 avec une capacité de 1 000 mégawatts, qui permettra de couvrir alors 25 % de l'électricité générée. L'exploitation de la production d'électricité nucléaire est prévue en 2017 ou 2018 », précise le chef de la JAEC.
« La Jordanie envisage de construire d'autres réacteurs en 2018 puis en 2020, sur le même site », a-t-il dit.
Quatre entreprises sont en lice pour la construction de la centrale nucléaire : le français Areva, le sud-coréen Kepco, Énergie atomique du Canada et le russe Atomstroyexport.