Plusieurs millions de dollars ont été investis depuis 2006 dans des plages strictement réservées aux femmes.
Liban - Tourisme Depuis 2006, les plages exclusivement réservées à la gent féminine connaissent un essor particulier.
Ahmad Kassem est l'un des propriétaires de la plage Ajram, un site balnéaire situé à Aïn el-Mreissé auquel seules les femmes ont accès. Aujourd'hui, en pleine reconstruction, cette plage accueillait plusieurs centaines de femmes par semaine, « un nombre qui n'a cessé d'augmenter au cours des dernières années ». Un peu plus loin vers le Sud, Laguna Beach, une plage également réservée aux femmes, reçoit en moyenne 500 à 600 clientes par jour en cours de semaine et près de 1 000 durant les week-ends, selon son propriétaire, Ghassan Abdallah. « Depuis 2006, date d'inauguration de notre site, la gent féminine semble s'intéresser de plus en plus à ce type de plages », affirme-t-il. Ces stations, concentrées notamment sur le littoral sud du pays, varient en taille selon les régions. Actuellement, la plus grande d'entre elles a une capacité d'accueil de 3 000 clientes par jour », indique la directrice générale du ministère du Tourisme, Nada Sardouk, dans un entretien avec L'Orient-Le Jour. « Ces sites balnéaires ne s'adressent plus uniquement aux touristes du Golfe, mais aussi aux visiteurs provenant d'Europe et des États-Unis, d'où le nombre croissant de clientes », ajoute-t-elle. Mme Sardouk indique, en outre, que plusieurs millions de dollars ont été investis à partir de 2006 dans des plages strictement réservées aux femmes.
Les investisseurs sont particulièrement attirés par le niveau élevé de rentabilité et le potentiel de croissance qui caractérisent ce marché. Le chiffre d'affaires d'une plage pour femmes varie en effet entre six et dix millions de livres par jour durant la saison estivale, explique le directeur de Laguna Beach. En parallèle, les coûts d'entretien et d'exploitation semblent moins élevés comparativement aux stations balnéaires tout public. Alors que, par exemple, La Voile a besoin de quelque 75 000 dollars par saison pour les travaux d'aménagement, les coûts de maintenance de la plage Ajram « totalisent en moyenne 30 000 dollars par an », explique Ahmad Kassem. Il précise qu'à cette somme s'ajoutent les frais relatifs aux salaires, dont le montant s'élève à environ 4 000 dollars pour les douze employés saisonniers du site.
Les nouveaux entrants sur ce marché de niche n'ont toutefois pas pu goûter aux bénéfices escomptés avant cette année, en raison de la précarité de la situation politico-sécuritaire depuis l'été 2006.
Avec le retour à l'accalmie et des prévisions portant sur plus de deux millions de touristes en 2009, ils espèrent néanmoins pouvoir accueillir un plus grand nombre de femmes au cours des prochaines semaines. Cela leur permettrait de compenser le manque à gagner des années précédentes et d'encourager par la même occasion de nouveaux acteurs à investir dans ce segment fortement prometteur.