Une nouvelle crise va-t-elle éclater dans le secteur de la santé ? C'est ce que laisse deviner une déclaration du président du syndicat des hôpitaux, Sleimane Haroun. Le différend porte sur l'unification des tarifications des actes médicaux de tous les tiers payants (CNSS, armée, FSI, Coopérative des fonctionnaires).
Recommandée par le gouvernement, cette unification tarde à se faire. Il semble même que ce soit la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) qui montre le plus de réticence à le faire, contrairement à la recommandation du Conseil des ministres, qui avait également admis le principe d'un rajustement des tarifs, conformément à des barèmes acceptés par la Banque mondiale.
Placé devant ce mur d'incompréhension sinon de mauvaise volonté, le syndicat des hôpitaux a haussé le ton, la semaine dernière, menaçant de ne plus accepter les patients qui cherchent à se faire admettre aux frais de la CNSS, comme il l'avait fait auparavant, avec succès, avec les fonctionnaires affiliés à la Coopérative des fonctionnaires, qui avait fini par être amenée à raison.
Cet avertissement a été lancé par M. Haroun la semaine dernière, au lendemain d'une audience que lui avait accordée le Premier ministre sortant Fouad Siniora, qui expédie les affaires courantes du gouvernement. Cet avertissement avait, on s'en doute, soulevé les protestations de la Confédération des travailleurs, la CGTL. Pourtant, M. Haroun semble prêt à aller jusqu'au bout de ses menaces, si rien n'est fait rapidement. Il entamera cette semaine une série de visites et de contacts, pour clarifier et justifier sa position.
Dans les milieux de la CNSS, on affirme que ce n'est pas la bonne volonté qui manque, mais les moyens. On admet, dans ces milieux, ne pas savoir quoi faire pour faire face à un déficit de 52 milliards de livres de la branche maladie-maternité et craindre qu'une hausse des tarifs ne creuse encore cet abîme financier.
Dans les milieux cités, on assure que quatre réunions du conseil d'administration de la CNSS ont été, en vain, consacrées à ce problème. Et de préciser que le gouvernement n'a prévu aucune aide financière à la CNSS, alors qu'il l'a fait pour la Coopérative des fonctionnaires, l'armée et les FSI.
Les milieux de la CNSS souhaitent donc que le syndicat des hôpitaux fasse preuve de clémence et de patience, « du moment que le principe d'un relèvement des tarifs n'est pas contesté, et que tout est dans la recherche d'une source de financement des augmentations prévues, dans le respect de l'équilibre budgétaire relatif de la CNSS ».