Amorcer des projets rentables à long terme

Le caractère urgent de certains sujets ne devrait en aucun cas occulter l'importance d'autres questions cruciales pour l'avenir économique du pays, souligne Marwan Iskandar. Pour lui, « le Liban a plus que jamais besoin d'une croissance durable, notamment à l'ombre du volume croissant de sa dette ». « Pour freiner cette ascension et réduire la dette publique de 3 % par an, l'économie devrait en effet croître en moyenne de 7 % durant plusieurs années. Cela n'est toutefois réalisable qu'à travers l'exploitation des ressources du pays et le lancement de grands projets pouvant largement bénéficier à l'économie à l'avenir. » L'économiste plaide notamment en faveur d'une exploitation optimale des ressources en eau du pays, dont le volume s'élève à près de 2,5 milliards de mètres cubes par an. « Si le mètre cube est vendu à seulement 3 dollars, cela représenterait plus de 7 milliards de dollars de revenus par an », indique-t-il.
Même si encore théorique, l'idée mérite d'être débattue en profondeur, sur base d'études et de conseils d'experts, au sein du prochain cabinet. La mise en place d'un plan hydraulique national constituerait une étape cruciale dans ce long chemin dont les bénéfices pourraient s'avérer incommensurables à long terme.

En parallèle, le gouvernement issu des dernières législatives devra poursuivre les efforts entamés par les gouvernements précédents au niveau de la prospection pétrolière, ajoute Marwan Iskandar. Des études préliminaires ont en effet récemment prouvé, par le biais de sondages en deux et trois dimensions, l'existence de gisements d'hydrocarbures au large des côtes libanaises. La question sur la présence ou non de réserves exploitables n'est toutefois toujours pas tranchée. Pour cela, le gouvernement devra conclure des contrats avec des sociétés pétrolières, qui seront chargées de procéder à des forages dans le fond marin. Mais avant d'entamer ce processus, Beyrouth se doit de développer un cadre institutionnel et légal permettant de réguler la prospection pétrolière et de préserver les droits de l'État. Pour Marwan Iskandar, « la découverte de pétrole en quantités exploitables constituerait, en sus des ressources hydrauliques déjà existantes, une réelle aubaine pour l'économie libanaise et l'avenir du pays ». Le prochain cabinet devra donc dans les plus brefs délais s'atteler à cette question de grande importance.
Encore faut-il qu'il soit formé et que l'équipe ministérielle soit à la hauteur de tous ces défis...