Caucase Aliev et Sarkissian tentent d'avancer vers un règlement pacifique sur la province séparatiste d'Azerbaïdjan.
Le Nagorny-Karabakh, province séparatiste d'Azerbaïdjan, observe avec suspicion les négociations en cours sur son devenir et souhaite conserver le statu quo.
Les présidents arménien et azerbaïdjanais, Serge Sarkissian et Ilham Aliev, se sont retrouvés une nouvelle fois hier et de nouveau aujourd'hui à Moscou, sous les auspices de leur homologue russe Dmitri Medvedev, pour tenter de trouver un règlement pacifique à ce conflit, qui a fait près de 30 000 morts au début des années 90.
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« La pression de la communauté internationale est énorme et (le président) Serge (Sarkissian) sait quel prix nous avons payé pour nous débarrasser du joug azerbaïdjanais », déclare Archavir Sarkissian, un retraité de 68 ans, qui a pris part à la guerre. « Je suis sûr qu'il ne signera rien qui mettrait en doute notre indépendance », ajoute-t-il.
À l'issue de la guerre, les Arméniens ont pris le contrôle du Nagorny-Karabakh, un territoire situé en Azerbaïdjan mais peuplé majoritairement d'Arméniens. La haine reste tenace depuis entre les deux peuples.
Quinze ans plus tard, aucune trace de guerre n'est plus visible à Stepanakert, capitale de cette république autoproclamée de 150 000 habitants. Nouvelles routes, écoles, hôpitaux et même d'élégants cafés ont fait leur apparition.
Les jeunes comme Varoujan Akopian, qui avait quatre ans lors de la guerre, en gardent toutefois un douloureux souvenir. « Je me souviens très bien de notre vie dans les caves où nous nous cachions des bombardements », raconte Varoujan, 21 ans. « Les médiateurs internationaux ne comprennent pas qu'il n'est pas possible d'accepter le destin qu'on veut nous imposer. Comment pouvons-nous devenir citoyens d'un pays (l'Azerbaïdjan) qui nous déteste ? » s'interroge-t-il.
La pression internationale s'est accentuée ces derniers temps pour aboutir à un règlement. Le 10 juillet, les États-Unis, la Russie et la France, chargés d'assurer une médiation au sein du « groupe de Minsk », ont appelé les deux parties à finaliser un accord. « Nous espérons atteindre la dernière ligne droite pour résoudre ce conflit », a déclaré le même jour le russe Iouri Merzliakov, coprésident du groupe de Minsk.
Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais Bakou et Erevan n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le statut de la région et les accrochages y restent fréquents.
L'Azerbaïdjan souhaite récupérer la souveraineté sur le Nagorny-Karabakh, tandis que l'Arménie, qui le contrôle de facto, plaide pour l'octroi de la plus large autonomie possible au territoire indépendantiste.
Sur place, l'exemple de Chypre est souvent cité. « Qui dit aujourd'hui aux Turcs qu'ils doivent restituer des terres aux Chypriotes ? Personne », lance Gevorg, un serveur de 22 ans. Selon lui, il faut attendre encore 15 ans. « Ensuite tout le monde comprendra et acceptera l'indépendance du Karabakh », veut-il croire.
Pour Nariné Balaïen, professeur d'histoire, les dirigeants du Karabakh doivent être associés aux négociations. « Sans la signature du Karabakh, le cessez-le-feu aurait été impossible. De la même manière, il ne sera pas possible de signer un document sur notre statut, à Moscou ou ailleurs, sans notre participation », affirme-t-elle.
Samvel Aroutiounian, revenu à Stepanakert après onze années passées à Moscou, vient d'y inaugurer un supermarché. Et il se veut optimiste.
« Les gens récoltent les premiers fruits de leur travail après la guerre », se félicite-t-il. « Le business va être profitable. Le niveau de vie et le pouvoir d'achat ont beaucoup augmenté ces dernières années », assure-t-il.